14,9 % des 2.500 plus grandes entreprises cotées dans le monde ont changé de dirigeant en 2016.
Sur les 290 patrons nommés, seuls 10 étaient des femmes, soit à peine 3,6 % du total.
L’an passé, 372 dirigeants ont été amenés à quitter leur fauteuil au sein des 2.500 plus grandes entreprises cotées dans le monde, selon une enquête publiée ce lundi par Strategy&, l’activité de conseil en stratégie de PwC, dont « Les Echos » ont obtenu l’exclusivité. Parmi eux, Philippe Dauman chez Viacom, Alexandre de Juniac chez Air France ou encore Sam Walsh chez Rio Tinto, remplacé par Jean-Sébastien Jacques. C’est un peu moins qu’en 2015, qui avait enregistré une passation des pouvoirs record avec 416 départs. Conséquence, le taux de rotation des dirigeants a baissé, à 14,9 % contre 16,6 % en 2015. Il demeure néanmoins à des niveaux très élevés.
Les grands pays émergents ont été les plus touchés par le phénomène. Dans la zone Brésil, Russie, Inde, le taux de rotation est le plus fort, à 17,2 %. Il reste aussi supérieur à la moyenne en Europe de l’Ouest alors qu’il n’atteint que 14,2 % en Amérique du Nord. Au Japon, la situation a évolué depuis deux ans. En 2014, le pays présentait le taux de rotation le plus faible, à 12 %. Il est désormais le deuxième plus élevé, à 15,5 %.Pourquoi les patrons quittent-ils leurs fonctions ? Essentiellement pour des raisons naturelles de succession. Dans 69 % des cas, il s’agit de départs programmés (retraite, raisons de santé ou changements prévus depuis longtemps…). Les départs forcés sont moins nombreux (16 %) que l’an dernier. Ceux liés aux fusions-acquisitions sont aussi en baisse.Tous les secteurs ne sont pas touchés de la même manière. Pour la première fois depuis cinq ans, les télécommunications n’occupent plus la première place. C’est dans les « utilities » que le taux de rotation est le plus fort, à 20,8 %. Parmi les démissionnaires du secteur, Jay Stowe, directeur général de Huntsville Utilities, aux Etats-Unis, ou Martin Baggs, chez Thames Water, au Royaume-Uni. Dans la consommation ou la santé, les emplois sont bien plus stables.
Profil
Qui sont les nouveaux patrons ? Surtout des hommes. En effet, seulement 3,6 % des dirigeants nouvellement nommés sont des femmes, soit 10 sur 290 au total. C’est plus qu’en 2015 (2,8 %), mais cela reste très faible. En 2014, ce taux était supérieur à 5,2 %. Le bilan diffère selon les pays. Contrairement à l’an dernier, c’est en Amérique du Nord que la part des femmes a augmenté le plus. Elle est passée de 1,1 % à 5,7 %. Parmi ces femmes qui ont pris les rênes des grandes entreprises cotées, Adena Friedman, patronne du Nasdaq, Shira Goodman chez Staples ou encore Tricia Griffith chez Progressive.En Europe de l’Ouest, la situation s’est dégradée. De 2012 à 2016, les femmes représentaient 4 % des nouveaux dirigeants. En 2016, ce taux est tombé à 2,9 %. Malgré l’arrivée de Sophie Bellon chez Sodexo ou d’Isabelle Kocher, chez Engie. Au Japon, la situation est bien pire. Aucune femme n’a été nommée. Comme en 2015. En termes sectoriels, la santé se distingue avec aucune nomination de femme comme directrice générale depuis maintenant cinq ans ! A l’inverse, dans les « utilities », 13,6 % des nouveaux dirigeants sont des femmes. Le profil des nouveaux patrons reste assez classique. Ces derniers sont issus du groupe : seulement 18 % viennent de l’extérieur. Et ils n’ont pas forcément d’expérience de direction générale.
LAURENCE BOISSEAU – LesEchos.fr – 15/05/2017
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