En 2016, les administrateurs sont plus nombreux à accéder à un premier mandat. Le seuil des 40 % de femmes est difficile à tenir dans le SBF 120.
Alors que la saison 2016 des assemblées générales (AG) se termine (BNP Paribas va fermer le bal du CAC 40 le 26 mai, après Total, le 24 mai), les conseils d’administration ont subi des changements majeurs. Des figures emblématiques du patronat ont quitté leur fonction, sans doute en raison de leur limite d’âge. La relève a été assurée en partie par des administrateurs nommés pour la première fois dans un conseil du SBF 120. Une étude réalisée par « L’Hebdo des AG » – une publication éditée par Bénédicte Hautefort, spécialisée dans les questions de gouvernance -, fait le point sur ces nombreux changements.
Du sang neuf
Pour onze équipes dirigeantes du SBF 120, c’est la toute première AG. Nouveau président ou nouveau directeur général, parfois les deux, notamment pour BNP Paribas, Sodexo, Engie, Nexans, TF1. Par ailleurs, trois sociétés sont entrées récemment en Bourse et dans le SBF 120 (il s’agit d’Amundi, d’Europcar et de Spie).
En outre, quatre-vingt-sept nouveaux administrateurs ont franchi la porte du SBF 120. Fait inhabituel : 42 entrent directement dans le CAC 40, sans expérience dans des sociétés françaises plus petites. Pour la plupart ce sont des administrateurs étrangers. En 2015, ils n’étaient que 23 dans cette situation. Autre point saillant, les adieux de figures emblématiques du patronat français, comme Serge Kampf (décédé) ou d’autres sans doute atteints par la limite d’âge : Jean-Louis Beffa, Noël Forgeard, Henri Lachmann, Serge Michel, Michel Pébereau, Jean Peyrelevade. Pour les quarante groupes vedettes, l’âge moyen sera passé cette année de 59 à 57 ans. Et au terme de cette saison, seulement 2 % des administrateurs du CAC 40 (contre 5,3 % en 2015) et 3 % du Next 80 (contre 4,3 %) auront plus de 75 ans.
Plus d’étrangers
Les conseils se sont beaucoup ouverts aux étrangers lors des AG 2016, surtout dans le CAC 40. Un phénomène à rapprocher des évolutions capitalistiques des sociétés du CAC 40 : Alcatel-Nokia, Lafarge-Holcim, Technip-FMC. La part des administrateurs étrangers au sein du CAC 40 est passée de 27 % en 2015 à 34 % en 2016, dans le Next 80, il est de 25 % cette année, contre 23 % l’an dernier.
De nouveaux liens croisés
Quatre dirigeants du CAC 40 sont entrés au conseil d’un autre groupe du CAC 40. Fabrice Brégier, DG d’Airbus, a été nommé administrateur chez Engie. Carlos Tavares, président du directoire de PSA est devenu administrateur chez Airbus. Emmanuel Babeau, directeur général délégué de Schneider Electric siège chez Sodexo. Jean Lemierre, président de BNP Paribas sera nommé administrateur chez Total, si l’AG de ce jour l’approuve. Au total, 12 sociétés ont des liens croisés. Les autres dirigeants du CAC 40 ayant un mandat dans un autre grand groupe étaient jusque-là Jean-Pierre Clamadieu (dirigeant de Solvay et administrateur d’AXA) et Gérard Mestrallet (dirigeant d’Engie et administrateur de Société Générale).
Des administrateurs plus disponibles, mais moins indépendants
Après une saison 2015 marquée par l’inquiétude des investisseurs sur l’ « overboarding », plusieurs administrateurs ont démissionné de certains de leurs mandats – sans compter des démissions pour « limite d’âge ». Cependant, disponibilité ne signifie pas indépendance : en 2016, la part d’administrateurs qualifiés d’ « indépendants » par les entreprises elles-mêmes continue à baisser, alors que se renforce, simultanément, la part des actionnaires de référence dans le capital, et au conseil. Un phénomène français. Dans le CAC, on comptait 49 % d’indépendants en 2015, et 48 % en 2016.
Les femmes : le seuil des 40 % n’est pas si facile à passer dans le SBF 120
Le cap des 40 % de femmes est à franchir en 2017 selon la loi, et fortement conseillé en 2016 selon le code Afep-Medef. Il ne sera pas atteint partout. Au total, au sein du CAC 40, 38 % des membres du conseil sont des femmes, contre 35 % en 2015. Le maximum est atteint par Kering (avec 64 %). Dans le Next 80, la progression est forte depuis 2015, mais le pourcentage reste en deçà de la recommandation du code de bonne conduite. Les sociétés du CAC 40 de droit étranger (donc soumises à aucune obligation) sont bien en deçà de ce pourcentage.
Laurence Boisseau, Les Echos
@boisseaul