Le taux de renouvellement des administrateurs : un nouveau sujet aux prochaines assemblées générales

L’agence en conseil de vote ISS regarde de près la durée de mandat d’un administrateur américain. Elle y est plus élevée qu’ailleurs.

Du sang neuf ! Cela risque bien de devenir un des points d’attention des investisseurs lors des prochaines assemblées générales. ISS (Institutional Shareholder Serves), la société en conseil de vote américaine très influente auprès des actionnaires institutionnels, a décidé de se pencher sur la fréquence des renouvellements des administrateurs. L’agence a demandé aux investisseurs, ses clients, leur point de vue sur ce sujet. Et plus précisément sur les conseils qui n’ont pas nommé de nouveaux membres depuis cinq ans et où la durée moyenne des mandats dépasse les dix ou quinze ans. Les résultats de ce sondage pourraient bien servir à l’élaboration d’une nouvelle politique de vote.

Pointé du doigt

Selon une étude réalisée par le « Financial Times » à partir des données rassemblées par ISS, un conseil d’administration sur quatre (sur un panel de 2.900 sociétés américaines cotées) aurait un taux de renouvellement faible. Alphabet et Berkshire en font partie. Chez Alphabet, la maison mère de Google, 5 administrateurs officient depuis plus de quinze ans. Quant au groupe dirigé par le célèbre investisseur américain Warren Buffett, Bill Gates y est le dernier arrivé. Or il a été nommé il y a onze ans. D’autres sociétés, comme Intercontinental Exchange, propriétaire du New York Stock Exchange, pourraient être pointées du doigt.

« Le problème n’est pas qu’un ou deux administrateurs siègent depuis longtemps mais que le conseil ne renouvelle pas assez souvent l’ensemble de ses membres », a indiqué Marc Goldstein, responsable de la politique du comité de pilotage, au « Financial Times ». A terme, cela pourrait inciter ISS à recommander aux investisseurs de voter contre certaines résolutions.

Le profil type d’un administrateur d’un groupe américain est le suivant : c’est un homme, âgé de 62 ans, en poste depuis plus de 8 ans. Partout ailleurs dans le monde, son âge et son expérience sont moindres. Au Royaume-Uni, il a moins de 58 ans et ne siège que depuis 5 ans et 6 mois. En France, il a le même âge et siège depuis plus de 6 ans et 6 mois. C’est en Russie que l’administrateur reste au conseil le moins longtemps (4 ans), puis en Norvège ou en Finlande. A l’origine de la spécificité américaine, l’absence de code de gouvernance de l’autre côté de l’Atlantique. Les groupes qui s’en écarteraient pourraient faire l’objet de sanctions.

Par Lauence BOISSEAU, le 24 août 2016.