Pourquoi certains sortent du lot pour prendre la direction générale ?

Frédéric Marquette, directeur associé du cabinet EIM, explique dans « Pourquoi eux ? Les secrets d’une ascension » le poids que joue, dans une carrière, la capacité à gérer la complexité et le jeu politique. La personnalité et la chance sont aussi des facteurs importants pour accéder à la direction générale.

 

De Sébastien Bazin, PDG d’Accor, à Augustin de Romanet (ADP), en passant par Yann Delabrière (Faurecia) ou Jean-Pierre Clamadieu (Solvay), Frédéric Marquette, directeur associé du cabinet EIM spécialiste du management de transition en Europe, a interrogé cinquante grands patrons et mené des entretiens avec plusieurs DRH d’entreprises du CAC40 pour tenter d’identifier « les secrets d’une ascension » ( * Pourquoi eux ? Les secrets d’une ascension – Alisio 2016).

Ceux qui cherchent une recette rapide pour accéder au sommet de la pyramide dans une entreprise pourraient être quelque peu dépités : en dépit de la vocation très pratique de cet ouvrage – l’auteur n’est pas avare de recommandations, il ne s’agit pas réellement de ce type de guide sur la réussite professionnelle dont les Américains raffolent et les lecteurs ne pourront que constater combien les bases de la personnalité, et donc toutes les spécificités qui relèvent de l’histoire familiale et de l’intime de chacun, sont déterminantes dans ces ascensions et histoires de patrons.

Capacité à gérer la complexité et sens politique

Frédéric Marquette en a vu passer de ces cadres-dirigeants de 45 ans, bons commerciaux ou bons financiers, dont l’ambition, le rêve, est de gravir les échelons pour accéder, à la direction générale. Mais « si les compétences techniques, et les compétences managériales sont indispensables, elles sont finalement assez répandues », ne leur cache-t-il pas. En revanche, « la capacité à gérer la complexité des situations et les aspects politiques, l’est beaucoup moins ». Du sens politique, il en faut – un membre de comité exécutif témoigne combien le nouvel arrivant dans l’instance est jugé à l’aune de ces qualités _ et pour faire  ce « saut quantique » qui permet de devenir numéro un lorsque l’on est numéro 2 , le parcours est plus difficile que pour passer de numéro 10 à numéro 2, témoigne un patron.

Si, à compétences égales, la personnalité est déterminante dans ces parcours, si l’envie et la puissance de travail, le courage de décider et tous les ingrédients de la « gagne » sont requis pour faire la différence, là aussi, il faudra de la chance, un élément, souligne Frédéric Marquette, « plus important dans un parcours professionnel qu’une stratégie de carrière ou un réseau ».

Il n’est également pas inutile, sinon agréable, de cultiver quelques qualités humaines, et notamment celle de l’écoute et du sens du collectif. Contrairement aux idées reçues, « les patrons peuvent ne pas être de grands communicants, fait valoir Frédéric Marquette. En revanche l’authenticité et le parler vrai sont essentiels »

Le « parler vrai » en entreprise ? s’étouffent déjà certains. Avant d’avoir les commandes, « demandez-vous toujours si ce que vous dites est légitime et si vous êtes légitime pour le dire », recommande Frédéric Marquette.

 

Par VALERIE LANDRIEU, le 9 septembre 2016.